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Chroniques d'une factrice
30 mars 2007

Le reflet...

Par Bérangère 

  Hier Jeanna est arrivé chez un ancien amant. C'était quelqu'un qui lisait beaucoup, un féru de Richard Brautigan. Il possédait ce petit côté poète et décalé, et il était quelque-peu surréaliste. Un peu fou aussi, sans aucun doute...il vivait hors du temps et cherchait invariablement les caves de St Germain des prés lorsqu'il allait à Paris à bicyclette. Dans le village, les enfants étaient ses amis, et Jeanna aussi. Elle avait une manière de lui allumer sa cigarette après l'amour qui était très belle, et pourtant Jeanna ne fumait pas. Il recevait beaucoup de courrier, des tas de lettre arrivaient de la France, et parfois de l'étranger, l'étranger pouvait être anglais, chinois ou africain, ça lui était égal.
    Manuel, il s'appelait Manuel, écrivait de la poésie qu'il arrivait à faire publier dans des magazines, en retour, les gens l'aimaient beaucoup et lui envoyaient des tas de choses via la poste. L'objet qu'il avait le plus reçu, celui qu'il possédait en tant d'exemplaire qu'il aurait pu monter une boutique de vente de taille-crayon, était justement un taille-crayon. Manuel avait rejeté la technologie pour faire perdurer ses cahiers blancs et ses crayons à papier. Manuel aimait toutes sortes de choses incroyables, ainsi, il adorait recevoir ses lettres de ses admirateurs, il hésitait souvent à les dénommer de la sorte, il trouvait ça un brun pompeux.
    Jeanna avait été spécialement préposée à la livraison de ses colis, qui de temps à autres, emplissait entièrement sa voiture jaune. C'est ainsi qu'avait commencé leur histoire. Jeanna s'était très vite octroyée le droit de passer plus de temps chez le poète que chez les autres clients. Il y avait tant de lettres que ça lui paraissait normal de rester plus longtemps en sa compagnie. Leur histoire avait été belle et romantique mais Jeanna s'était fait remonter les bretelles de son soutien-gorge assez vertement par le directeur, elle en gardait depuis lors une marque violacée qui ne partirait que lorsqu'elle aurait quitté l'entreprise pour laquelle elle officiait.
    Aujourd'hui, il leur arrivait encore de convoler mais la romance était terminée. Jeanna était venue hier soir chez Manuel pour bâtir la première impulsion de son homme idéal. Ainsi, Manuel lui avait permis d'emmener un reflet de lui-même qu'il avait laissé traîner à côté de la cafetière. Il avait pour cela, décollé un carreau de faïence verte qu'il avait tendrement offert à Jeanna. Elle avait été si touchée qu'elle était restée quelques instants pour faire l'amour avec lui. Jeanna avait continué sa tournée en serrant son morceau de faïence verte serré contre elle, elle emmenait le reflet de Manuel dans sa maison, et ça la réjouissait. ça lui donnait un bonheur inestimable.
    C'était la sa première pierre d'homme idéal...

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