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Chroniques d'une factrice

7 février 2008

M Dupont

Par Aude

M Dupont est un des notables du village, il possède une petite fabrique de fromages. Il a la cinquantaine un peu écrasante: du ventre, des lunettes, une grosse voiture qui brille. M Dupont n'est pas très bon avec son personnel. Il le méprise même carrément. Dans le désordre, il méprise aussi: les gauchistes, les fonctionnaires, les fainéants, les étrangers, les pauvres, les écolos. Alors on se dit que notre petite Jeanna, il devait forcément la mépriser aussi. En fait, il ne l'avait jamais remarquée. Le courrier, c'est à Martine sa stupide et fidèle secrétaire qu'elle l'apportait. Parfois, il attendait un courrier important qui n'arrivait pas, alors Martine lui expliquait en rougissant qu'il y avait une factrice fantasque qui livrait le courrier au gré de ses périples amoureux.
Ce jour là, il arrivait vite à l'usine, presqu'au même moment où Jeanna en repartait. La vitesse la surprit, la déséquilibra et le vélo dessina une rayure inopportune sur la grosse voiture de M Dupont. Celui-ci sortit de son véhicule et commença à invectiver Jeanna. Jeanna le regardait silencieusement mais ne paraissait guère impressionnée. Elle finit par répliquer:

    - Elle est jolie cette rayure, on dirait une vague .

M Dupont ne comprenait pas les choses de cette façon. Alors Jeanna pour le calmer, remonta doucement sa robe. Elle avait oublié sa culotte sur la table de Nino, le restaurateur. Elle sentait encore le sexe et le parmesan. M Dupont ne s'attendait pas à ça mais il était homme et il sentit un désir impromptu le surprendre. Jeanna ne s'y trompa pas. Elle reconnaissait aussitôt cette petite lueur au fond des yeux que le désir attise. Elle s'assit sur le capot de la voiture lustrée et attira M Dupont tout contre elle. Elle ne le trouvait pas beau même pendant qu'il la prenait là, trivialement sur le capot de sa voiture mais elle trouvait toujours émouvant les hommes quand ils jouissaient, et celui-ci aussi. Ce ne fut pas bien long, M Dupont n'était pas un grand amant mais Jeanna aimait bien la sensation du  capot tout chaud sous ses fesses et elle apprécia la pluie qui vint la rafraichir doucement.
Elle garda comme souvenir, une minuscule rayure sur son vélo de travailleuse.

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30 janvier 2008

Le guetteur (2)

Par Aude

Elle est revenue. Ma douce est revenue.
Je n'y croyais plus. Son absence fut si longue. Je m'étais envoyé plein de recommandés et durant une semaine j'ai du ouvrir à la remplaçante de Jeanna qui ne lui ressemblait en rien. Je manquais pleurer à chaque fois que je voyais cet ersatz insignifiant. Puis elle ne revenait toujours pas. Au bruit de l'enveloppe dans la boite en fer blanc, je savais bien que ce n'était pas Jeanna. Jeanna, elle met le courrier avec tant de délicatesse qu'il tombe comme une note de musique dans la boîte. Bientôt, je ne pris même plus la peine d'aller chercher mon courrier. Je laissais les enveloppes s'amonceler. Je reçois si peu de courrier quand je ne m'en envoie pas. Je ne trainais plus non plus derrière la porte à l'heure du courrier. La remplaçante était d'une ponctualité triste et monotone. Avec Jeanna,  l'heure du courrier était toujours une coïncidence, un mystère, un poème...
Je sursautais ce matin quand la sonnette retentit. J'ouvris la porte et elle était là, juste un peu plus pâle comme si elle avait oublié de voir le soleil tous ces mois, mais avec des yeux plus graves et plus ardents... Elle me tendit mon courrier, m'indiquant qu'il n'y avait plus de place dans ma boite aux lettres. Puis, déjà, elle était partie. Je contemplais le sillage de sa bicyclette. Elle reviendrait.

30 janvier 2008

La chasse d’eau à coulisse…

Par Bérangère

 Jeanna marchait sur la plage, elle n’avait pas sa jupe qui volait au vent car elle avait oublié d’en mettre une. Ses pieds étaient nus et son pantalon lui arrivait au dessus des chevilles. Elle marchait dans un sable aux reflets d’argent. En regardant la mer, elle se dit qu’elle aurait aimé y voir danser des truites, mais voilà, il n’y avait pas de truites dans cette mer là. Il n’y avait que des vagues à l’écume grise ce matin. L’écume grise avait ramené une drôle de chose sur la plage. Jeanna, curieuse s’approchait lentement. La plante de ses pieds, robuste, s’enfonçait dans le sable aux reflets d’argent. Il avait gelé cette nuit et les pieds de Jeanna commençaient à rougir. Les pieds de Jeanna étaient forts comme un ovale dans un triangle. Elle se pencha sur la chose qui venait de s’échouer sur la grève. Ses lèvres se fendirent d’un éclat de sourire. Jamais elle n’aurait pu rêver plus belle découverte. La chose que la mer avait rejetée n’était autre qu’une chasse d’eau à coulisse. Ce serait parfait pour la montgolfière à vent d’amour qu’elle fabriquait en secret dans la clairière.
 C’était la première fois que Jeanna emporterait quelque-chose qu’un homme ne lui avait pas donné. Elle réussirait à la fabriquer sa Sagrada Famillia, même si pour cela, elle devait aller jusqu’au bout de l’existence. La chasse d’eau à coulisse dévisagea Jeanna d’un œil bienveillant et émit un petit jappement de contentement.
 Désormais, elle devrait aussi trouver à qui avait appartenu cette chasse d’eau à coulisse. Quelle embarcation avait pu être aussi ingrate pour la laisser s’échapper ? Qui était l’homme qui aujourd’hui devait pleurer toutes les larmes de sperme de son corps ?
 Jeanna mettrait un point d’honneur à retrouver cet homme…

28 janvier 2008

Le retour de Jeanna

Par Aude

Jeanna avait disparu de long mois sans donner de nouvelles. Elle était tombé sous le charme de la maison mystérieuse et de son habitant non moins mystérieux. Elle s'était donnée tous ces long mois sans compter, ne cherchant pas à sortir. Pour la première fois, un homme semblait assouvir le corps de Jeanna si insatiable d'ordinaire.  Elle avait vécu ces longs mois comme un rêve. Ça lui rappelait des fantasmes de harem, où elle aurait été la princesse d'un sultan à l'appétit sexuel démesuré. Elle était comme ça Jeanna, avec des rêves roses plein la tête. Là, elle était l'unique princesse. L'amant ne lui parlait guère, s'intéressant juste à son corps. Elle découvrait avec un plaisir différent et inconnu chaque jour, chaque jour, elle découvrait un nouveau livre aussi. Voilà, Jeanna avait passé ses mois, nourrie de sexe et de lecture. Elle n'avait jamais pensé que son corps pourrait jouir de tant de façons différentes, elle n'avait jamais pensé non plus qu'elle pourrait lire autant.
Elle avait tout oublié ces longs mois, ses amants, même son Olivier elle l'avait oublié. Il avait perdu les élections mais elle n'en savait rien.
Puis un jour, cela suffit. L'amant lui offrit un orgasme qui lui parut le même qu'un autre plus ancien, alors elle sut qu'elle pouvait prendre son vélo et sa sacoche et riche de cette nouvelle expérience elle reprit sa tournée là où elle avait arrêté.

26 avril 2007

Un type qui ressemblait à James Dean...

Par Bérangère

    C'était son jour de congé, ses pieds larges se laissaient aller à une errance mélancolique sur le sable grisâtre. Elle promenait ses yeux sur la ligne d'infini de la mer et rêvait déjà d'un ailleurs merveilleux. Les résultats des élections lui faisaient peur et elle attendait de voir ce que ses compatriotes allaient pouvoir voter au second tour. Son vote à elle n'avait pas compté parce-qu'elle avait fait l'amour dans l'isoloir et qu'elle avait malencontreusement glissé deux fois le même prénom dans l'enveloppe.
    L'horizon s'avançait vers elle, nuageux et ténébreux, il était pourtant deux heures et demi et le soleil resplendissait de mille rayons qu'il étirait de tous les côtés. Elle avait l'humeur plus que mélancolique à présent et s'enfonçait doucement dans les vagues blanchâtres. L'écume était énervée, bouillonnante et tumultueuse. Elle pensait qu'elle aurait aimé faire l'amour dans la mer, là, tout de suite, là, sur l'instant...
    En une seconde, il fut devant elle, elle ne l'avait pas vu venir. Elle cligna des yeux tandis qu'il la contemplait, il était nu, un sourire accroché à son regard. Il plissait les lèvres, comme pour lui dire :"viens, je suis là, rejoins-moi". Elle lui prit la main et tous deux continuèrent leur avancée dans la mer qui était très fraîche. Il lui faisait penser à un garçon maudit, un type archi-lumineux mais déglingué du dedans. Il ressemblait à James Dean à s'y méprendre, et Jeanna, ça lui plaisait bien.
    Au fur et à mesure qu'ils s'enlisaient dans l'écume rageuse, il la déshabillait, et de ses vêtements, et de son regard...En un instant, ses visions cauchemardesques disparurent et elle connut l'extase la plus pure qui soit. Elle fit l'amour comme elle ne l'avait jamais fait. Elle dévisagea un homme comme elle ne l'avait dévisagé, et pour cause, ce n'était pas véritablement un homme. Homme, il l'était sans conteste, il le lui avait prouvé, mais humain, elle n'en n'était plus sûre. Et c'est quand il s'éloigna vers l'horizon et qu'il disparut au large qu'elle sut qu'elle n'avait pas rêvé.
    Il ressortit une ultime fois de l'eau, fit une pirouette en guise d'adieu, sa nageoire battit l'air une dernière fois et il disparut pour toujours...

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18 avril 2007

La maison mystérieuse (suite)

Par Aude

Le lendemain, Jeanna avait encore du courrier pour la maison mystérieuse. Comme la veille la porte s'ouvrit et comme la veille Jeanna ne rencontra personne dans la maison. Le courrier qu'elle avait déposé sur la table avait disparu mais rien d'autre ne semblait modifié.
Jeanna s'avança un peu plus dans la maison. La première porte qu'elle rencontra s'ouvrait sur une chambre à la blancheur immaculée. Le lit était immense avec des draps blancs flamboyants. Prise d'une soudaine impulsion Jeanna se déshabilla entièrement et se glissa sous les draps. Elle était sure qu'un homme viendrait la rejoindre. Elle attendit si longtemps qu'elle finit par s'y endormir. Ce sont les caresses de l'homme qui la réveillèrent; des caresses longues, douces et puissantes à la fois. La bouche et la langue homme surent mettre en émoi son corps impérieux. Quand Jeanna ouvrit les yeux, elle s'aperçut que la nuit était tombée et qu'elle était en train de jouir. Elle ne voyait que l'ombre de l'homme et humait son odeur pénétrante. Elle voulut lui apporter du plaisir à son tour. L'homme lui maintint les mains, il voulait tout le plaisir pour elle. Il la laissa quelques heures plus tard épuisée et lascive. Ils n'avaient prononcé un mot. L'homme se retira et disparut. Jeanna se rendormit.
Quand elle se réveilla, c'était un jour nouveau. Elle se leva, se rhabilla prit sa sacoche contenant encore une partie du courrier de la veille. Elle ne croisa personne en sortant.

17 avril 2007

Le mécanicien à la salopette rose

Par Bérangère

    Carlos l'avait emmenée sur l'élévateur, celui qui sert à explorer le ventre des voitures. Comme il était un peu dans la lune, rêveur et ailleurs, il avait oublié de se mettre du même côté que Jeanna. Ils n'avaient pas pu faire l'amour tout de suite, et l'élévateur s'était bloqué. Ils avaient attendu plusieurs heures, contemplant ainsi le plafond jauni du hangar. Finalement, Carlos avait sauté au sol d'une manière très féline et avait ensuite délivré la belle postière.
    Celui qui réparait les pneus crevés d'un seul baiser, celui qui remettait un moteur en route rien qu'en le caressant, celui qui savait faire couiner des freins en leur chuchotant des mots d'amour, eh bien, celui-là même avait su emmener Jeanna aux frontières de son corps. Quand elle avait sauté de l'élévateur et qu'elle avait atterri dans ses bras, il s'était rendu compte de la femme qu'elle était, elle pesait lourd Jeanna, et elle était si légère à la fois...
    Elle ne se rappelait pas de l'endroit où elle avait grandi mais plutôt comment, et puis, il y en a tellement des endroits...et finalement, ils se ressemblent tous...Là où elle avait grandi, elle se souvenait des chèvres, c'est qu'elle était bâti comme une montagnarde Jeanna. Oh, elle n'était pas grosse, mais diablement charpentée. Et ses pieds s'accrochaient où elle voulait.
    Aujourd'hui, c'est au mécanicien en salopette rose qu'ils s'accrochaient, et ils avaient la rage au ventre, et les pieds de Carlos prenaient ceux de Jeanna avec amour et volupté. C'étaient eux qui lui avaient ôté sa culotte. Ils savaient faire tout cela ses pieds, et plus encore...enlever tous les boutons d'une veste ou faire du stop, ses pieds étaient capables du meilleur, et ça plaisait beaucoup à Jeanna.
    Quand elle l'a quitté, ils lui a offert ses empreintes d'amour, ses empreintes de pas. Là où il avait foulé le sol si discrètement, Jeanna pourrait toujours y venir, elle le savait. Il lui avait aussi donné un baiser réparateur de pneus. Pour sa montgolfière d'amour, ça pourrait toujours servir, et qui sait, elle pourrait peut-être s'en servir pour recoller les coeurs brisés...

13 avril 2007

La maison mystérieuse

par Aude

C'était la première fois que Jeanna devait apporter du courrier dans cette maison. C'était une grande maison qui donnait sur la plage. Jeanna la regardait souvent cette maison, elle lui paraissait mystérieuse comme vidée de toute vie. Elle était immense toute en recoins. Quand elle eut du courrier pour le 13 allée de la mer, elle se dit que la maison avait du être rachetée mais en s'approchant celle-ci semblait toujours aussi abandonnée. Il n'y avait pas de boite à lettres. Jeanna frappa, personne ne lui réondit mais la porte s'ouvrit sans même pousser. Jeanna entra. La maison était meublée, un peu poussiéreuse mais pas tant que ça. Jeanna tournait la tête pour s'emplir du décor de la maison mais aussi pour éventuellement découvrir l'habitant des lieux. Elle appela plusieurs fois mais personne ne répondit. Elle mit la lettre en évidence sur la table et s'en retourna. Dans l'entrée, perdu dans un coin elle aperçut un livre tout couvert de poussière. Elle ne put s'empêcher de le ramasser, le livre s'ouvrit à la page où une photo avait du servir de marque-page. C'était une vielle photo sépia d'une famille d'autrefois aux poses un peu figés. Elle lut une phrase du livre: "Une vie ne vaut rien mais rien ne vaut la vie.". Elle se dit que c'était bien vrai et regarda l'auteur: André Malraux. Elle avait déjà entendu cette phrase mais c'était dans une chanson de Souchon. Prise d'une soudaine impulsion, Jeanna prit le livre et l'enfouit dans sa sacoche. Elle n'aimait pas que les livres soient abandonnés.

10 avril 2007

Le mécanicien de la deuxième rue

Par Bérangère

    Sa sacoche à rustines était vide, et ça tombait plutôt bien car elle se souvenait du mécanicien en salopette rose. Rose sale un peu, il était mécanicien quand même...Jeanna lui avait apporté sa bicyclette en même temps que des lettres. Comme il habitait un peu loin et que son garage ressemblait à un hospice pour voitures en difficulté, Jeanna avait gardé plusieurs lettres depuis quinze jours. Il allait être content Bob, il s'appelait Bob, ce n'était ni un véritable prénom, ni un surnom, personne ne savait plus pourquoi Bob s'appelait Bob.
    Jeanna le regardait sourire à ses voitures depuis longtemps, et ça lui plaisait bien. Quand elle est arrivé à pied, les mains sur le guidon de métal, Bob a lâché le livre qu'il était en train de boire comme du petit lait et a dégagé les quelques mèches qui voilaient son regard. ça faisait longtemps qu'il attendait une occasion de lui rendre service, et ça faisait longtemps qu'elle attendait que son vélo la guide ici. Dans un recoin, elle a reconnu la voiture de Nikos, complètement écrabouillée, on aurait dit une dînette d'enfants qui aurait été dévorée par un chien , puis recrachée.
__La voiture de Nikos a l'air vraiment malade...
__Oui, elle est morte...je suis désolé.
__Et le violoncelle, il va bien ?
__Oh oui, il n'était pas dans la voiture quand le camion lui est tombé dessus, il console son Nikos...
__Ah, tant mieux.
    Très rapidement, d'une main de maître, il démonta la roue du vélo, et de trois baisers, il ressouda le caoutchouc. Il était comme ça Bob, il était connu dans tout l'ouest, il aimait le caoutchouc et savait le faire briller et perdurer. Ensuite, il Prit Jeanna par la main et l'emmena sur le monte-charge lui faire visiter sa TR4...

9 avril 2007

Le sacre du printemps

Par Bérangère 

   Elle serait là si belle, sa carcasse cuivrée luisant sous les premiers rayons.
   Elle serait là si chaude à rêvasser dans la tendresse d'une fin d'hiver.
   Elle serait là si mysterieuse, ses yeux gris caressant l'écume d'une mer verte aujourd'hui.

   Jeanna a troqué sa veste contre une robe qui moule merveilleusement son corps. Ses pieds se laissent aller à la promesse mouvante des sables. La nuit tombe et la mer descend. On dirait presque les larmes d'un enfants. Des vaguelettes roulent sur ses chevilles, les vaguelettes aimeraient être des choses qu'on fait jouir avec des pieds. Les vaguelettes connaissent bien Jeanna, ça fait plusieurs mois qu'elle n'est pas venue. Les vaguelettes savent que dans peu de temps Jeanna sera nue, son sexe gonflé éternuera deux ou trois fois. Les vaguelettes la caresseront comme jamais un homme ne saurait caresser une femme. Les vaguelettes savent des choses de la vie que les hommes ne savent pas, elles connaissent des choses dont les hommes n'ont aucune idée...
    Elle est là si belle et si langoureuse à attendre que la nuit la recouvre en entier, et quand le dernier rayon l'apercevra, il deviendra vert et abandonnera la belle à la fraîche écume.
    C'est son premier bain de mer, le froid l'a pénétrée assez froidement. La mer est à 14 degrés mais Jeanna nage à en perdre le souffle, elle nage longtemps vers le large, longtemps, c'est jusqu'à temps qu'un bateau de pêcheur ou autre, croise sa route.
    Quand ils font l'amour sur le pont, elle décide de l'appeller Carlos, il ne parle pas le français, ni aucune autre langue d'ailleurs, il est muet depuis que la grande faucheuse a embarquée sa femme. Il habite dans le coin, dans un camion, et pêche de temps à autres pour assurer une maigre pitance. Il est fort et agile, son oreille gauche est transpercée par un bel anneau d'argent. Ils se soulèvent l'un et l'autre au gré du roulis et éperonnent leur désir dans un ciel étoilé. Ils dorment un peu sous une vielle couverture qui sent le gasoil.
    Il rame à présent, il ramène Jeanna sur la grève, ils se promettent de se revoir un jour peut-être, au hasard de la vie. C'est qu'il est un peu comme elle Carlos, sauvage et généreux. Avant de la quitter, il lui offre sa vieille paire de rames et son sourire d'homme triste, elle lui répond d'un sourire lointain. Il sait qu'elle n'est déjà plus là et il est heureux pour elle. Elle pense à son homme idéal, un sourire d'homme triste et une belle paire de rames, c'est poétique et porteur d'un chemin de vie extraordinaire, et son homme idéal sera quelqu'un d'extraordinaire, et sa montgolfière d'amour sera la promesse de leurs deux vies...
    Elle a déjà hâte de ramer, tout là-haut dans le ciel...

   

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