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Chroniques d'une factrice
3 avril 2007

Nino, le restaurateur italien

Par Aude

Nino avait un petit restaurant sur la côte. Ce n'était pas un grand restaurant avec vue sur la plage où les touristes se disputaient les places en terrasse en soirée. C'était plus une petite gargote perdue dans les rues de la vieille ville. Seuls les initiés connaissaient la cuisine de Nino et ils l'appréciaient.

Nino était italien et tout son beau pays était dans sa voix. Il recevait fréquemment de longues lettres envoyées pas sa mère, une vraie mère comme on n'en fait plus qu'en Italie. Nino avait fui l'Italie, ancien mafieux, il en avait eu assez un jour de toute cette pègre et avait décidé une reconversion. Mais pour échapper à la mafia, il faut fuir très très loin et c'est comme ça que Nino était arrivé ici, il y a une bonne vingtaine d'années.

Jeanna s'y arrêtait souvent pour amener les lettres d'Italie. Jeanna était fascinée par la cuisine de Nino. Il lui préparait toujours un petit encas pour après l'amour: un petit risotto aux cèpes, une petite salade jambon de parme-tomates-mozarella di bufflona-basilic, un gros morceau de parmesan accompagné d'un bon verre de vin. Jeanna fermait les yeux et s'évadait sous le soleil puissant de l'Italie, elle s'imaginait pédalant  dans les rues de Rome quand la nuit commence à tomber. Jeanna imaginait la méditerranée, toujours bleue lui expliquait Nino.

Souvent quand Jeanna s'arrêtait chez Nino, il était plus de midi et le service était commencé. Nino travaillait seul dans son restaurant. Elle arrivait silencieusement dans la cuisine et s'asseyait pour l'attendre s'il était en salle. Elle écoutait les éclats de vois qui lui parvenait de la salle. Nino revenait à la cuisine avec ses commandes et ne paraissaient jamais surpris de la trouver là.

Ils faisaient l'amour rapidement sur un coin de table après avoir poussé les tomates et les aubergines. Pendant l'amour Jeanna s'emplissait des fumets qui se dégageaient de sous les couvercles. Une fois fini, Nino repartait servir ses clients, préparant toujours une assiette pour Jeanna. Quand il avait le temps Nino restait auprès de Jeanna et lui racontait l'Italie. Il lui disait qu'ils iraient y vivre un jour, qu'il l'emmènerait. Jeanna ne répondait pas, elle écoutait. Enfin, on ne peut pas dire que Jeanna était une grande oratrice. Elle aimait se laisser bercer par les mots, n'écoutant pas toujours leur sens mais juste leurs sonorités.

De Nino, Jeanna déroberait l'accent chantant et la cuisine du soleil, morceaux d'homme idéal.

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